Festival 2024 : la voix en majesté !

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Au commencement était la voix… La Fondation Royaumont célèbre ses 60 ans en faisant revenir à l’abbaye des artistes qui ont marqué son histoire et notamment sa contribution à la redécouverte des musiques anciennes.

C’est le cas, notamment, du luthiste et chef d’orchestre Vincent Dumestre, l’un des artisans les plus actifs et inventifs du renouveau baroque. Vincent Dumestre, qui s’était fait connaître en créant à l’abbaye un Bourgeois gentilhomme en 2003, y revient pour former une nouvelle génération de musiciens. Ensemble, ils proposent une promenade chantée jusqu’au palais abbatial de Royaumont, d’ordinaire inaccessible aux visiteurs.

Le soir, Vincent Dumestre réunit les 23 musiciens et 24 choristes du Poème Harmonique pour reconstituer le grandiose des noces de Louis XIV avec l’Infante d’Espagne, en 1660. Au programme, les Sonneries pour les trompettes du Roi de Lully, mais aussi des airs majestueux de Cavalli, Rossi, Veillot ou encore Juan Hidalgo… 

Enfin, pour In absentia, les Cris de Paris de Geoffroy Jourdain viennent entonner des polyphonies funéraires de la Renaissance dans une mise en scène du chorégraphe François Chaignaud.

Le baryton-basse Guilhem Worms laisse lui aussi la danse le mettre en mouvement, le temps d’un spectacle intitulé De concert chorégraphié par Thomas Lebrun.

Autre témoin des grandes heures de Royaumont, Stéphane Degout vient témoigner de la façon dont la Fondation a forgé son goût de la mélodie et du Lied. Avec son pianiste et complice de longue date, Alain Planès, il chante Fauré, Duparc, Chausson, Schumann et Brahms.

De jeunes talents se forment également à l’art subtil du duo piano-voix, dans le cadre de l’Académie Orsay-Royaumont. La Nuit de la mélodie et du Lied est une occasion rare de découvrir ces chanteurs (Iida Antola, Emma Roberts, Joël Terrin, Jeeyoung Lim) prometteurs, avant qu’ils n’aillent se produire dans les salles les plus prestigieuses.

Tant qu’à parler de jeunes talents, citons également les sopranos Maud Bessard-Morandas et Lila Dufy, les contre-ténors Guillaume Ribler et Gabriel-Ange Brusson et le basse Julien Ségol, tous impliqués dans le projet d’opéra collaboratif Butterfly room service.

L’artiste en résidence Johanna Vargas se produit à deux reprises au Festival : le soir de l’ouverture, pour une relecture du Chant de la Terre conçue par Jocelyn Mienniel et Olivier Cadiot, et pour un programme qu’elle a imaginée avec la pianiste Magdalena Cerezo, le compositeur Manuel Hidalgo Navas et le beatboxer Ervin Dos Santos : Valeria’s album.

Le chant médiéval n’est pas oublié. Un ensemble est même en résidence pour mieux le faire connaître. Cette année, ApotropaïK a jeté son dévolu sur les airs sentimentaux de Gilles Binchois, Guillaume Dufay ou Johannes Ockeghem, des compositeurs de la fin du Moyen Âge, particulièrement novateurs.

Le soir, Arborescence, un ensemble créé à l’abbaye, présente le fruit de plusieurs années de travail autour des motets de Philippe de Vitry. Sous la houlette de David Chappuis, il fait entendre le jeu des consonances et des dissonances qui sont la chair de la polyphonie médiévale

Enfin, le Festival se conclut par le retour très attendu de William Christie et de ses Arts Florissants. Ils reviennent à Royaumont pour interpréter un oratorio emblématique de Georg Friedrich Händel, Le Triomphe du Temps, dans sa version italienne de 1707. Plus qu’un concert de clôture du Festival, ce « Triomphe » est le couronnement de plusieurs décennies d’aventures musicales !