Les abbayes cisterciennes médiévales : l’ingénierie hydraulique

Présentation

Benoît Rouzeau Archéologue et médiéviste, maître de conférences à l’Université de Picardie au laboratoire Trame Ur 4284 et Associé au LAMOP

Pourquoi les moines choisissaient-ils de s’établir à proximité de l’eau ? Que mettaient-ils en place pour domestiquer ruisseaux et rivières ? Les explications d’un médiéviste qui consacre ses travaux aux abbayes cisterciennes, à la gestion de leur domaine, aux aménagements hydrauliques et à leur industrie. Benoît Rouzeau a publié Morimond, archéologie d’une abbaye cistercienne XIIe-XVIIIe siècles et s’est vu décerner en 2021 le prix Gabriel Auguste Prost par l’Académie des Inscriptions et des belles Lettres.

Les cisterciens, mouvement érémitique issu du grand courant d’effervescence religieuse des XIe et XIIe siècles, ont installé leurs monastères dans les campagnes au gré des aumônes reçues, des échanges et des achats. Comme toute communauté monastique, ses moines eurent besoin d’eau. Mais sans doute plus que les autres, du fait du désir d’être autonome avec des ateliers mus par la force hydraulique, ils édifièrent leurs abbayes à proximité de l’eau. C’est l’importance de ces cours d’eau, de leur régime hydrographique qui va déterminer le type d’aménagements hydrauliques construits pour assurer un développement raisonné des bâtiments. Les exemples que nous développerons montreront la bonne qualité de l’ingénieurie hydraulique développé par les moines blancs dès le début du XIIe siècle. Entre déplacements de site, tête de bassin versant, bief, adduction d’eau potable et transformations des réseaux à l’époque moderne c’est à l’ensemble de ces thématiques que nous ferons référence en prenant des exemples principalement dans la région Grand Est, où un programme collectif de recherche sur les abbayes cisterciennes est en cours, mais aussi en insistant sur des cas d’emblématiques en dehors de cette région.